mardi 2 août 2011

Antechrista - Amélie Nothomb

C'est bon je l'ai fait. J'ai lu un Amélie Nothomb, auteur apparemment populaire que je ne connaissais pas avant qu'un ami me file un de ses livres sans que je ne lui ai rien demandé (heureusement pour lui qu'il m'est proche, sinon je l'aurais foutu au bûcher avec le bouquin). Et je ne recommencerai plus cette erreur. Je n'aurai plus jamais confiance en le genre humain. Déjà qu'on puisse publier ça, bon d'accord : chaque public doit être représenté. Mais qu'on ose me proposer ça à moi, alors qu'on me connait, c'est qu'assurément on cherche à me faire du mal. Ô comme les liens solides d'une amitié vivace peuvent se distendre après une félonie si cruelle ! Comme punition, je réclame l'enfermement du coupable dans la tête de Blanche-à-pain, mais aussi de lire jusqu'au bout ce bouquin. Car malgré la brièveté des 150 pages format poche avec une grosse police, j'ai du m'arrêter à la moitié de peur de disjoncter.


Blanche a 16 ans, et c'est une solitaire. A l'université comme dans la vie, elle n'a pas d'amis, pas de contact avec les autres. Pourtant, un jour tout va changer, elle va faire la connaissance de Christa, jeune fille de son âge qui est son opposé en tous points : elle possède plein d'amis, a des seins, est à l'aise pour communiquer, et elle a un amoureux. Cependant, Blanche s'apercevra vite que Christa n'est pas la jeune fille sympathique qu'elle espérait. C'est en réalité une manipulatrice qui n'a d'autre but que de faire de sa vie un enfer, et de lui prendre le peu qu'elle possède, jusqu'au semblant de vie familiale qu'elle avait jusque là.

Le texte étant écrit à la première personne, on est prisonnier des pensées de "l'héroïne". On a alors loisir, mais surtout déplaisir, de recueillir toutes les angoisses et interrogations insipides de Blanche-Neige privée à son grand dam d'une seule pioche des sept nains. Son principal soucis c'est de se débarrasser de Christa, qui s'est incrustée chez elle de manière particulièrement pernicieuse (mais également grotesque). L'occasion pour Nothomb de nous faire partager certainement sa répulsion de certaines choses, comme par exemple le rock allemand (je n'en suis pas non plus le plus ardent défenseur), mais surtout de nous narrer sa solitude envahissante lors d'un épisode de sa vie tout en s'épanchant de ses pensées geignardes.

Pour tout dire, ses "réflexions" sur le monde environnant m'ont particulièrement agacé, d'une part parce que je m'étais forgé les même étant plus jeune, et qu'elles ont évolué le temps aidant, et d'autre part car il ne se passe pas une seule page sans qu'on y soit confronté. Pour résumer, c'est une fille solitaire qui méprise et jalouse les gens ayant une vie sociale (p'tain un geek qui parle de vie sociale...), car elle est renfermée sur elle-même. Et forcément, quand sa nouvelle copine vient la manipuler, et l'humilier par moments, elle se retrouve sans pouvoir rien faire parce que c'est un poulpe végétatif qui n'a pratiquement aucune volonté. Et c'est particulièrement chiant à suivre.

Ce qui m'a particulièrement gêné dans cette histoire (à part tout), ce sont les réactions peu crédibles de certains personnages, ou la prédictibilité de certaines. J'en veux pour exemple le comportement des parents de la fille, qui en viennent à considérer Christa comme une sainte, et se mettent alors à dévaloriser Blanche-de-bois, à ne plus la croire, au point de se demander s'ils sont vraiment ses géniteurs. Et même si l'on nous dit que la situation familiale est assez décousue, il n'en demeure pas moins des situations amenées sans beaucoup de finesse, et dans lesquelles ont devine pratiquement toujours des ficelles scénaristiques assez grotesques pour emmener Blanche-isserie au comble du désespoir.

D'autant que le style dont nous gratifie Nothomb n'est pas non plus exempt de reproches. Une syntaxe très appauvrie lorsqu'il s'agit de nous présenter les pensées moribondes qui vouent une haine féroce envers sa tortionnaire, rehaussée parfois d'effets stylistiques qui ratent leur cible au milieu d'une platitude désespérante. Bref, c'est très ennuyeux pour rester poli, et rien ne vient nous sauver du naufrage.

Les principaux défauts de cet ouvrage sont donc des personnages très caricaturaux et peu étudiés, malgré les nombreuses pensées de Blanche-à-repasser ; un manque de finesse au niveau de l'approche et notamment dans la cruauté ; de nombreux poncifs sur l'adolescence que je n'avais clairement pas envie de voir ici, caractérisant un manque d'originalité manifeste à tous les niveaux ; un style très inégal, qui n'aide aucunement à se retenir de lire la suite ; et surtout le traitement du sujet.

3 commentaires:

  1. Amélie Nothomb présente un double intérêt :
    Ne pas laisser indifférent(e) et se comprendre au 1er degré ou avec discernement . http://livrestoujours.canalblog.com/

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  2. Tu as malheureusement raison sur le premier point.
    Et à moitié sur le second ;)

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